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Un forum examine les perceptions et les priorités de la Corée du Nord
25 Janvier 2024

Robert Duffy, secrétaire général, FPU-Canada

Pour la 7e session de la recherche de la FPU sur les réalités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), sa vie politique et sociale, et sa perception d'elle-même et des voisins avec lesquels elle est engagée ou en désaccord, les deux orateurs principaux ont fait preuve d'une perspicacité exceptionnelle.

La compréhension en Occident de la République populaire démocratique de Corée, ou Corée du Nord, est très limitée. Il est donc urgent de dialoguer en temps de crise, lorsque l’opinion des autres est souvent considérée comme de la propagande, a expliqué Franco Famularo dans son introduction au webinaire de la FPU organisé le 25 janvier 2024, sur le thème « La République populaire démocratique de Corée vue de l'intérieur ». M. Famularo, président de la FPU Canada, a le modérateur de la rencontre, laquelle a attiré des participants du monde entier.

Jacques Marion, coprésident de la FPU Europe et Moyen-Orient, a rappelé à l'auditoire que les fondateurs de la FPU ont fait de grands efforts pour établir la confiance avec les dirigeants de la RPDC, en commençant par une rencontre avec le défunt président Kim Il Sung en 1991. Plus récemment, le Sommet mondial de Séoul de 2022 a publié la Déclaration de Séoul, axée sur la réunification de la Corée et promouvant l'initiative « Deux États vers une seule nation : une péninsule, un peuple, une culture ». Faisant référence aux récentes déclarations du président nord-coréen Kim Jong Un concernant la Corée du Sud, M. Marion a interrogé les deux intervenants sur les perspectives de rapprochement entre le Nord et le Sud. S'appuyant sur leurs décennies d'expérience en recherche et en visite dans le pays, les deux conférenciers principaux ont fourni un aperçu exceptionnel des réalités de la RPDC, de sa vie politique et sociale, ainsi que de sa perception d'elle-même et de ses voisins avec lesquels elle est engagée ou en désaccord.

Glyn Ford, qui a été membre du Parlement européen pendant 25 ans, est membre du conseil d'administration du Forum économique de l'Asie du Nord-Est ainsi que du Pacific Century Institute ; il a été l'un des co-organisateurs européens de plusieurs événements du Forum mondial coréen. Ayant enseigné la politique scientifique et technologique à l’Université de Tokyo dans les années 1980, M. Ford a été l’un des premiers membres de la délégation de l’UE pour les relations avec le Japon. À mesure que son intérêt pour l’Asie de l’Est s’étendait à la Corée du Sud et à la Chine, il se vit confier de plus en plus de responsabilités dans les relations de l’UE avec la Corée, la Chine et les pays de l’ASEAN. Il est considéré comme l’un des plus éminents experts européens de la péninsule coréenne en particulier et de l’Asie de l’Est en général. Il est l'auteur de trois livres sur la Corée du Nord, dont un a été traduit en japonais et en coréen.

Parmi les nombreux points d'intérêt, M. Ford a noté que la récente déclaration publique du président Kim Jong Un, selon laquelle l'unification des deux Corées n'est pas possible car elles ont divergé à un point tel qu'elles ne peuvent plus être considérées comme un seul peuple, n'est pas nouvelle. Au contraire, a-t-il ajouté, cette annonce ne fait que formaliser une politique qui existait depuis les années 1990, lorsqu'il est devenu clair pour le Nord que les deux Corées avaient atteint un point de non-retour en termes de réunification.

Dr. Han S. Park est professeur émérite d'affaires internationales et directeur fondateur du Center for the Study of Global Issues de l'Université de Géorgie aux États-Unis. Né dans le nord-est de la Chine de parents coréens immigrés, M. Park a fait ses études en Chine, en Corée et aux États-Unis. Il est diplômé en sciences politiques de l'université nationale de Séoul (B.A.), de l'université américaine (M.A.) et de l'université du Minnesota (Ph. D.). Pour son engagement à trouver des solutions pacifiques aux défis de la péninsule coréenne, M. Park a reçu le Prix du bâtisseur communautaire Gandhi-King-Ikeda en 2010, un honneur qu'il partage avec les précédents lauréats Nelson Mandela, Mikhaïl Gorbatchev, John Hume, Desmond Tutu et Yitzhak Rabin.

Auteur de nombreux livres sur la mondialisation et la Corée du Nord, M. Park a été honoré par l'Université de Géorgie en lui attribuant une chaire : la chaire Han S. Park d'études sur la paix. Han S. Park Professor of Peace Studies.

Dr. Park a fait plusieurs commentaires intéressants. Il a souligné qu'en politique, la perception est la réalité : la perception qu'un pays a de lui-même diffère de la façon dont il est perçu par les autres pays. La perception n'est pas nécessairement conforme à la réalité, mais elle doit être reconnue comme telle dans les relations politiques entre pays. Il a appliqué cette maxime aux pays qui entourent la Corée du Nord et s'engagent avec elle pour souligner à quel point la vision que chaque pays a de lui-même est différente de celle des autres. À cet égard, la logique interne de la politique étrangère de chaque pays reflète ses perceptions. Il a également observé que les intérêts militaires et industriels déterminent souvent la politique étrangère d'un pays. Il s'agit, par exemple, de fournir une aide aux pays amis afin que ces derniers puissent acheter des armes au pays donateur. Les avantages économiques de ces accords, associés aux avantages financiers pour les propriétaires et les actionnaires des entreprises concernées, incitent à maintenir une présence militaire active ou potentielle dans des zones à haut risque. Dans ce contexte, les exercices militaires menés par les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud au large des côtes nord-coréennes seront perçus différemment par la Corée du Nord et la Chine que par la Corée du Sud et les États-Unis. Les uns y voient un exercice de dissuasion, les autres une provocation. Une fois de plus, la perception est la réalité.

Lors de la période de questions, quelqu’un a demandé quelle serait une résolution significative et réaliste du problème des deux Corées. Les intervenants ont suggéré qu'une solution permanente à deux États était une possibilité, et qu'une autre était l'idée d'une confédération des deux États, chacun conservant ses systèmes politiques et idéologiques mais coopérant dans une plus large mesure, y compris sur le plan culturel et économique.

 

Enregistrement original de ce webinaire: https://www.facebook.com/watch/?v=932262284988571&ref=sharing

Enregistrement avec interprétation française : https://www.facebook.com/share/v/yB28oSSmFr2jhBJv/?mibextid=ZbWKwL

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